Renaissance d'un joaillier

La nouvelle jeunesse de Rouvenat

Quand quatre entrepreneurs décident de redonner vie à une maison de haute joaillerie en sommeil depuis de longues années, le challenge s’avère passionnant. Focus.

Par Nathalie Koelsch

Véritable joyau du Second Empire, la Maison Rouvenat s’est assoupie au seuil de la IIIème République, après avoir remporté un grand succès en France comme à l’étranger. Coralie de Fontenay, Frédéric de Narp, Sandrine de Laage, et Marie Berthelon qui ont, chacun dans leur domaine acquis une solide expérience de la joaillerie notamment chez Cartier, fait le pari de relancer cette belle endormie, en utilisant les nouveaux codes du luxe. 

Collier Baby Bolt, bijou en or, serti d’un saphir rond – 2 200 euros – © Paul Schmidt.

Avec la société Luximpact qu’ils ont montée, ils se sont donnés pour mission de réveiller les maisons en sommeil, riches d’archives et d’histoires foisonnantes, et de les réactualiser. Après avoir remporté un premier succès avec Vever, emblématique de l’Art Nouveau, ils se sont intéressés à Rouvenat, un joaillier qui semble offrir de belles promesses pour renaître dans une version modernisée et écologique. En effet, sensibles à la protection de l’environnement, ils souhaitent intégrer cocréation, recyclage, etc, à leur vision de la joaillerie actuelle.

Boucles d’oreilles Pampille, bijou en or jaune, montées en perle – 2 800 euros – © Paul Schmidt.

Rouvenat, une histoire flamboyante

Joaillier plein d’avenir, Léon Rouvenat a traversé le 19ème siècle telle une comète. Lorsqu’en 1851, il se rend à Londres pour présenter sa collection de bijoux à la 1ère Exposition Universelle, au Crystal Palace, il réalise rapidement combien le Second Empire sera prospère et inventif. Fort de son ingéniosité et de son talent virtuose, il remporte rapidement un vif succès. En avance sur son époque, il ouvre la première manufacture à Paris au 62 rue d’Hauteville.

Archive d’époque parure.

Il sera également l’un des premiers de cette seconde partie du 19ème siècle à se soucier du bien-être de ses employés, à industrialiser la fabrication de la joaillerie et à la démocratiser en ouvrant ses ateliers à une prestigieuse clientèle. Il reçoit même la visite de l’Impératrice Eugénie qui, en 1867, lui demande de réaliser une broche inspirée d’une branche de lilas frais composée de 300 diamants. 

Durant 25 ans, sa place artistique reste indiscutable entre médailles d’or et autres trophées. Ses réalisations qui reproduisent en diamants, émeraudes, rubis ou saphirs, des branches d’acacia, des glycines, des colliers de guipure, des oiseaux de paradis, des paons, des oiseaux mouches, fascinent… Sous l’influence des découvertes archéologiques, il s’inspire des bijoux des civilisations anciennes et s’impose comme l’un des joailliers français les plus talentueux de son époque. Malheureusement, après sa mort, faute d’héritier, la maison disparaît.

Archive d’époque colliers.

Aujourd’hui, elle se réécrit avec la même passion et se lance à la conquête du 21ème siècle sous le signe de la protection de l’environnement.

Sourcing, production, conception, consommation, tout est à redéfinir pour les nouveaux dirigeants. Des écrins vintage, chinés et customisés par Senz, talentueux street artist new-yorkais aux matériaux recyclés, le nouveau Rouvenat s’inscrit dans un luxe chic et éthique.

Un luxe nouveau, durable et responsable 

Collier Jeton, bijou et fleur en or, serti d’un saphir – 8 000 euros – © Paul Schmidt.

Pour Rouvenat, tout est une affaire de transmission. Les bijoux transmis racontent les histoires intimes tandis que les bijoux qui transmettent relatent la grande Histoire. Marie Berthelon, CEO de Rouvenat, s’est lancée à la recherche des archives du joaillier afin de mieux comprendre son esprit et de véhiculer son héritage. Lors de sa quête, elle a découvert chez un antiquaire parisien plus de 3 000 gouaches regroupées dans 12 cahiers. S’inspirant de ces dessins anciens, elle a développé une collection très moderne composée de pierres qui ont déjà vécu. Les émeraudes, les saphirs, les rubis, les diamants, les intailles antiques, les tourmalines, les améthystes, les grenats et les spinelles, ne proviennent pas de mines, mais de bijoux qui ont été démontés. De même pour garantir la circularité, une blockchain enregistre l’ensemble des certificats d’authenticité. 

Sensible au talent de Rouvenat, Sandrine de Laage, chargée de la création, a choisi de réinventer des pièces fortes en respectant le cycle de l’écocréation tout en s’adaptant aux particularités de chaque gemme. Colliers, bagues, boucles d’oreilles et bracelets sont proposés avec des montures en or et en argent recyclés. 

Collier Jeton, bijou en argent et fleur en or, serti d’une améthyste – 2 600 euros.

Installé au 416 rue Saint Honoré, Rouvenat cultive l’élégance. Le lieu accueille toutes les collections de joaillerie avec la volonté de les mettre en lumière, mais propose également des projets de mécénats artistiques, des événements participatifs, organise des ateliers, présente des artistes et des expositions.

Rouvenat ouvre la voie vers la création d’une communauté créative et engagée. À découvrir sans modération.

Boutique Rouvenat – 416 rue Saint Honoré Paris

www.rouvenat.com

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