Portugal, mon amour

Soirée fado à Faro

Grand soleil, plages tranquilles, ambiance d’éternel été, prix sages… La capitale de l’Algarve déploie tout l’éventail des vacances comme on les aime. Mieux : loin des modes et de la frime, elle brille par sa totale simplicité.

Par Jean-Pierre Chanial
Carvoeiro, station balnéaire pittoresque du Portugal.

Cap plein sud. Tout au bout de ses rudesses, le Portugal plonge direct dans l’Atlantique. Le pays touche ici son midi, l’Europe aussi, l’Algarve s’en réjouit. La province s’étale en longueur sur 150 kilomètres, entre Espagne et Cap Saint-Vincent, la vigie des conquêtes océanes. Epatant pour une découverte au volant d’un cabriolet de location. Entre les deux, Faro, la capitale, gardée par une imposante forteresse, et un littoral semé de plages sans fin ou de criques planquées à l’abri de falaises ocres magnifiquement découpées.

Des milliers d’assauts fougueux

Avant l’atterrissage (2h15 de vol depuis Paris), coup d’œil par le hublot afin de comprendre : la ville blanche recroquevillée autour de sa cathédrale défie l’Atlantique dont elle est protégée par une vaste lagune puis par une longue langue de sable. La pause plein soleil sera radieuse. Plus vers l’ouest, la roche prend le relais et assure le spectacle en multipliant les figures de style, un ange, un éléphant, un visage…, érodés par des milliers d’assauts fougueux de vagues impatientes, autant de caresses de brise fraîches et de baisers d’un soleil ardent.

Carvoeiro, village à l’ouest de l’Algarve.

Au programme du séjour, Faro donc, mais aussi Tavira, Albufeira, Portimao, Lagos, Figueira, de gros bourgs gardiens des beautés architecturales des siècles passés, lorsqu’on érigeait la cathédrale sur l’emplacement de la mosquée qui elle-même s’était installée sur le temple romain, là où les Carthaginois avaient planté leur forteresse. Le temps file, la mémoire des hommes demeure, les pêcheurs jettent leurs filets et les terrasses inventent les nouveaux bonheurs.

Escapade au bout des terres

Autour de la tablée, la discussion est animée. Ce couple raconte son escapade tout au bout des terres marqué par le cap Saint-Vincent, vertige d’une falaise qui plonge raide comme une brisure de continent, là-bas, c’est l’Amérique, une tribu d’orques paressait dans les eaux claires… Leurs voisins parlent de la cathédrale, elle est sublime, ou du château, quelle allure !, à moins que ce soit d’un prochain parcours de golf (la région en compte 42… !) ou des délices de la gastronomie locale. Elle fait saliver tout le Portugal en mariant poissons grillées, farandole de crustacés et vins de la région. Tchin !

Les ruelles atypiques de Faro.

Faro offre ainsi la palette multicolore des jours heureux : bleu des jacarandas fleuris en file indienne et des azulejos du palais épiscopal qui racontent l’histoire de la ville, orange des fruitiers installés dans le moindre jardinet, blanc chaulé des façades anciennes, rouge vif des flamboyants qui ombragent les parcs, ocre des tuiles couvrant un ancien monastère, une chapelle, une demeure patricienne, les croix dominent, souvent gardées par un couple de cigognes. Depuis son nid cossu, elles veillent à la sérénité de la ville.

Vacuité de la matière et lumières célestes

Pour admirer, grimper au sommet du clocher gothique de la cathédrale. Depuis la terrasse, vue grand écran sur le cœur de Faro, une miniature baignée de silence et de blanc. Demain, on visitera une chapelle silencieuse, elle accueillera bien quelques prières. Puis, on aura le souffle coupé devant un ossuaire, pratique séculaire des monastères portugais consistant à entasser les os de leurs moines, génération après génération. Ah, afficher la vacuité de la matière pour mieux gagner les lumières célestes…

Faro et les jacarandas fleuris.

Balayer ces pensées d’outre-monde en regardant l’espace qui déploie là-bas son immensité, entre terre et océan. C’est la lagune, elle s’étale sur des kilomètres en tapis de buissons, de sable et d’eau. Ils dessinent le parc naturel Ria Formosa, 18 000 hectares, où se posent des millions d’oiseaux migrateurs. Encore plus loin, juste devant les embruns de l’Atlantique, s’étire une immense langue de sable blond. Les sirènes en vacances en font le catwalk des maillots dernier-cri. Leurs gardes du corps fixent le large en rêvant de planche, de pirouettes et de kite. Les oiseaux s’en moquent bien, ils piaillent, caquettent, crient, roucoulent ou font la pause en attendant la suite de leur éternel voyage.

Cabo de São Vicente.

Rose rouge sur le sein

Pour conclure, inutile de se tapoter le menton : c’est forcément terrasse (sardines grillées et vinho verde) puis pause devant la petite scène installée sur fond du restaurant dont les murs sont tapissés de photos noir et blanc. Celle-ci, c’est Amalia Rodriguez, celui-là, c’est probablement Fernando Farinha. Mille voix gardent la légende, la culture, l’identité. Le fado. Une jeune femme s’approche, robe noire haut fendue, épaule nue, châle de dentelle, rose rouge sur le sein. Le guitariste s’installe, puis un autre, son instrument a la forme d’une mandoline, ils fixent la diva. Un battement de cils, musique maestro.

Les chansons emblématiques de l’amour à la portugaise défilent, tempo lent, voix grave, puissante, intense, pour jurer d’éternelles passions, puis murmure du mal d’aimer, main sur le cœur, baisers soufflés du bout des doigts et regards qui se perdent dans le mystère des abandons. Applaudissements, cris, encore. C’est le fado de Faro. 

Bon à savoir :

Le Portugal vit avec un décalage d’une heure. Quand il est midi en France, il est 11 heures à Faro. L’euro est la devise locale. De nombreux Portugais parlent le français. Se renseigner : www.visitportugal.com

Bon plan :

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