HAUTE HORLOGERIE

Audemars Piguet Universelle : le graal horloger

« Créer la montre à grandes complications du XXIe siècle », voici le brief de départ donné aux ingénieurs et aux horlogers de la manufacture Audemars Piguet. Après sept ans de développement, la nouvelle Code 11.59 by Audemars Piguet Ultra-Complication Universelle RD#4 est un concentré de toutes les technologies mises au point par la manufacture. 40 fonctions au total dont 23 complications et 17 dispositifs techniques pour une montre « paranormale ». Voyage au pays de la haute horlogerie.

Par Chloé Redler

Hommage à la montre de poche L’Universelle de 1899

Marie-Antoinette de Breguet (1802), La Merveilleuse de l’Ami Lecoultre (1878), Leroy 01 de Louis Leroy (1900), Supercomplication Henry Graves de Patek Philippe (1933) ou Le Cabinotier de Vacheron Constantin (2019), ces garde-temps de l’extraordinaire font partie intégrante de la sphère très fermée et privilégiée des montres les plus compliquées au monde.

À l’instar de l’Universelle d’Audemars Piguet, une montre de poche de 1899 à laquelle la Code 11.59 by Audemars Piguet Ultra-Complication Universelle RD#4 rend un hommage historique.

Une montre aux superlatifs

Première montre-bracelet ultra-compliquée de la manufacture, elle répond à un brief simple et précis : créer une montre ultra-compliquée, résistante, facile d’utilisation et portable au quotidien.

L’Audemars Piguet Universelle est animée par l’extraordinaire Calibre 1000 automatique doté de 60 heures de réserve de marche.

40 fonctions au total, 23 complications et 17 dispositifs techniques sont concentrés dans ce boîtier de 42 mm – à la place des habituels 41 mm de la collection Code 11.59 – pour seulement 15,55 mm d’épaisseur. Grande et Petite Sonnerie, répétition minutes, tourbillon volant, quantième perpétuel semi-grégorien (jour, grande date, mois, années, Lune astronomique, phases de Lune), chronographe flyback à rattrapante, ces principales complications font de ce garde-temps une bête et belle mécanique.

40 fonctions dont 23 complications et 17 dispositifs spéciaux, 1 140 composants, dans l’Audemars Piguet Universelle.

Cette nouvelle Ultra-Complication est la quintessence de plusieurs décennies de recherche, de conception et de fabrication sur tous types de mécanismes à complication avec comme objectif l’ergonomie pour l’utilisateur. Pour atteindre un niveau de grande fiabilité, nous avons amélioré la robustesse des fonctions tout en maintenant une épaisseur réduite. Nous croyons que la ‘fonction mécanique à but ergonomique’ ouvre une nouvelle voie pour Audemars Piguet et l’industrie horlogère en général.”
Giulio Papi, Directeur Technique, Audemars Piguet Le Locle.

Tourbillon volant

Le tourbillon volant de la Code 11.59 by Audemars Piguet Ultra-Complication Universelle RD#4 effectue une révolution complète en une minute.

À première vue, rien ne distingue ce tourbillon volant d’un autre. Cependant, lorsque l’œil s’attarde de plus près sur la cage située à 6 h, ce cœur fait battre la chamade. Et pour cause : ce nouvel oscillateur tourne à une amplitude plus grande qu’à l’accoutumée car il doit emmagasiner beaucoup d’énergie pour faire fonctionner toutes les complications. De ce fait, afin d’accroître cette réserve vitale, la géométrie de l’échappement est repensée pour augmenter l’intensité du barillet. Développé pour cette montre, ce dispositif provient directement de la Royal Oak Tourbillon Volant Automatique Extra-Plat RD#3, lancée l’année dernière pour les cinquante ans de la Royal Oak (voir l’article : “Cinquante ans et pas une ride”). D’une fréquence de 21 600 alternances/heure, il offre environ 60 heures de réserve de marche.

Les montres Recherche & Développement chez Audemars Piguet (RD#)
RD#1 – Travail sur les sons, la Supersonnerie
RD#2 – Etude sur l’extra-plat
RD#3 – Gestion de l’énergie
RD#4 – Combinaison des trois précédentes RD#

Calendrier perpétuel semi-grégorien

Indications calendaires

Présenté en 2018 au sein de la Royal Oak Quantième Perpétuel Ultra-Plat Automatique RD#2, ce calendrier perpétuel semi-grégorien rassemble toutes les indications calendaires sur un seul niveau.

Le calendrier perpétuel semi-grégorien de l’Audemars Piguet Universelle affiche
de manière optimale et harmonieuse toutes les indications calendaires.

Respectivement placés à 9 h, 12 h et 3 h, le jour de la semaine, la grande date et le mois partagent l’affiche avec l’année bissextile à 4 h indiquant les deux derniers chiffres de l’année. Bien pensé par les ateliers de la manufacture, car pour mettre à jour un QP, il est très utile de savoir dans quelle année bissextile l’on se trouve. L’enjeu est donc de taille : trouver un mécanisme qui va lui-même la (re)connaître pour ne pas avoir à régler la montre. Le calendrier perpétuel semi-grégorien avance le jour, la date et l’année en ayant assimilé le nombre de jours par mois (avec années bissextiles). Mais il prend aussi en compte la correction tous les 100 ans imposée par le calendrier grégorien traditionnel. De ce fait, un réglage ne sera nécessaire qu’en 2400.

La Grande Date a été créée par A. Lange & Söhne à la fin du XXe siècle. Cette complication récente est inspirée de l’horloge du théâtre de Dresde. Lire l’article : “La Grande Date ? Une grande idée !”

Horloge 5 Minutes de l'opéra de Dresde
A l’origine de la Grande Date ? L’Horloge 5 Minutes de l’opéra de Dresde.

Réglage intuitif

Pour réduire le stress de l’utilisateur, le réglage est simple et intuitif. Un procédé anti-casse est mis en place pour ajuster la date, et cela dans les deux sens. L’avancer ou la reculer est donc réalisable en tournant la couronne à 3h. Le mois peut aussi être ajusté grâce à la “supercouronne” à 4h.

Décrocher la Lune

La Code 11.59 by Audemars Piguet Ultra-Complication Universelle RD#4 ne serait pas un calendrier perpétuel sans une belle phase de lune. En totale symétrie avec le guichet de l’année à 4h, la phase de lune (à 8h) est animée par un dispositif à saut instantané d’affichage de la Lune astronomique qui offre un incroyable réalisme. Ses étapes croissantes et décroissantes sont restituées grâce aux deux disques composés chacun de six représentations de l’astre pour un effet saisissant. On regrette qu’elle ne soit pas un peu plus grande pour en admirer toutes les nuances mais l’on comprend aisément que cela aurait enlevé équilibre et harmonie à l’ensemble.

La montre est pourvue d’un nouveau procédé d’affichage à saut instantané de la Lune astronomique d’un grand réalisme.

Chrono flyback rattrapante

Système très utile aux aviateurs pour tracer les différents caps, la fonction flyback ou “retour en vol” permet en une seule pression de remettre le chrono à zéro et de le redémarrer sans passer par la case : stop / reset / restart. Aujourd’hui, les ateliers de la manufacture l’ont couplée à une rattrapante pour mesurer les temps intermédiaires.

À titre d’exemple, la rattrapante est utilisée lors des courses de chevaux. En effet, cette fonction permet d’avoir le temps d’un cheval au tour tout en gardant le chronométrage complet de la course.

La fonction rattrapante permet la mesure de temps intermédiaires
avec l’ajout d’une deuxième aiguille centrale.

L’intégration de cette rattrapante a nécessité de nombreuses heures de réflexion. Il est important de savoir que lorsque l’on conçoit une montre à complication, elle est pensée en couches fonctionnelles : le chrono, la rattrapante et la masse. Mais le brief de départ pour cette Audemars Piguet Universelle étant d’en réduire l’épaisseur, il fallait donc gagner “en hauteur”.  Le parti pris a été d’élargir le bloc automatique avec le roulement à billes et de créer un trou au centre afin de loger la rattrapante.

La masse oscillante semi-périphérique ajourée laisse passer en son centre
la rattrapante.

De ce fait, un niveau est gagné car sur une unique couche, la masse automatique et la rattrapante ne font plus qu’une. Une prouesse horlogère de taille car la masse ainsi traversée perd en énergie. Il fallait trouver un matériau plus lourd que l’or. Le platine, plus efficient, était donc de mise. On se laisse “happer” par cette architecture visible côté fond lorsque celui-ci délivre tous ses secrets.

Le fond secret de la Code 11.59 by Audemars Piguet Ultra-Complication Universelle RD#4.

En avant la musique

Grande Sonnerie, Petite Sonnerie, répétition minutes…

Cette édition exceptionnelle connaît bien sa partition. Et pour cause : chef d’orchestre en tout point de vue, elle dirige d’une main de maître – et d’un bouton poussoir gravé d’une clé de sol présent sur la carrure – un trio musical remarquable. Celui-ci est doté de la Grande Sonnerie traditionnelle sonnant les heures, les quarts et les minutes, de la Petite Sonnerie qui ne sonne que les heures, et d’une répétition minutes. À l’instar de la gâchette d’armement habituelle qui active ce ballet horloger, un barillet supplémentaire dédié à ces trois complications libère l’énergie nécessaire à son bon fonctionnement.

Des pictogrammes ont été gravés sur chaque couronne et poussoir
pour indiquer leur fonction.

…Et Supersonnerie

Cet instrument est aussi équipé de la Supersonnerie. Résultat d’une étroite collaboration de huit ans de recherche avec l’École Polytechnique de Lausanne, cette technologie brevetée par Audemars Piguet est présente sur le modèle RD#1 de 2015. Horlogers, techniciens, scientifiques et musiciens ont imaginé de concert une table d’harmonie, résistante et étanche pour un usage au quotidien. Au lieu d’une platine – pour fixer les timbres – dont la résonance peut être différente selon la complication, cette table d’harmonie dédiée rentre en jeu. Pour dévoiler la complexité du mécanisme, les ateliers de la Maison ont fabriqué un système à double fond. Le premier dit “secret”, ultra fin, partage l’affiche avec cette table d’harmonie (0,6 mm d’épaisseur) conçue en saphir sur laquelle les timbres sont fixés. Délivrant un son plus fort et plus précis, elle sonne mieux quand la montre est au poignet car le son est amorti et la vibration est isolée.

Le fond « secret » dévoile les rouages et les décorations du magnifique Calibre 1000.

Cette pièce représentait l’ultime défi lancé à notre équipe de développement. Elle a exigé un changement de nos processus afin que quatre personnes puissent travailler simultanément sur le calibre. Le niveau de miniaturisation que nous sommes parvenus à atteindre représente un nouveau cap franchi par Audemars Piguet, mais aussi le point de départ de notre nouvelle génération de mouvements compliqués.”
Lucas Raggi, directeur Recherche & Développement,
Audemars Piguet.

Une montre pas si compliquée ?

La Code 11.59 by Audemars Piguet Ultra-Complication Universelle RD#4 est sans conteste un garde-temps de haute horlogerie. Un défi de taille relevé avec excellence par les ingénieurs et les horlogers de la manufacture. Relevé, certes, mais non sans difficultés ! Questionné par Frank Sans C lors de son émission sur l’AP Universelle, le directeur Recherche & Développement Audemars Piguet, Lucas Raggi, avoue sans vergogne que les deux supercouronnes leur ont donné du fil à retordre. Tellement compliquées, qu’elles ont toutes été brevetées.

Trois couronnes avec poussoir intégré remontent la montre, règlent l’heure, la date
et permettent de choisir son mode de sonnerie.

Celle située à 2h correspond à la fois au start/stop du chrono mais également au sélecteur du mode de sonnerie : silence / petite sonnerie / grande sonnerie. Tandis que la couronne à 4h permet de “reset” le chronographe ou d’enclencher la fonction flyback. Notons également que les dispositifs techniques ou “complications ergonomiques”, si l’on peut les appeler ainsi – leviers, bascules, cames, etc – ont nécessité de nombreux allers/retours dans l’atelier.

1 montre, 4 possibilités

Quatre versions sont disponibles. Une première édition en or gris avec un cadran noir opalin en or. Celui-ci possède des compteurs de chronographe dont le cerclage gris clair répond aux nuances du tourbillon volant, aux index et aux aiguilles en or gris. La seconde variation dévoile, quant à elle, un cadran beige aux compteurs noirs contrasté d’éléments en or rose.

Le cadran architecturé bicolore présente des ponts en or et est contrasté d’éléments de couleur noire.

Entièrement squelettées, les éditions en or rose et en or gris sont spectaculaires. Elles laissent entrevoir les moindres détails de l’exceptionnelle mécanique. Un quatuor sans fausse note !

À partir de 1 500 000 euros (HT)

Consulter les fiches techniques de la collection Code 11.59 by Audemars Piguet Ultra-Complication Universelle RD#4 :
Or gris – cadran beige / Or gris – cadran noir / Or gris – cadran noir squeletté / Or rose – cadran noir squeletté

LE SITE DES MONTRES AUDEMARS PIGUET

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