DIRECTION LE MEXIQUE

Le jardin enchanté de San Miguel de Allende

À quatre heures de route de Mexico City, la turbulente capitale mexicaine, une perle d’un autre temps cultive sa patine coloniale. San Miguel de Allende la joue rétro, 100 % chic et charme. Mieux : au cœur de la ville, l’hôtel Rosewood vit à l’unisson en cultivant un jardin d’exception.

Par Jean-Pierre Chanial
San Miguel de Allende au Mexique.

Quatre fois centenaire et plus, San Miguel de Allende ravit en restant elle-même. Les chichis, on oublie. La frime, pareil. La cathédrale (elle est magnifique) en marque l’épicentre. Des ruelles grossièrement pavées s’en vont depuis son parvis irriguer la vieille-ville. Un marché assure les couleurs, l’animation et tous les potins du jour. La rue piétonne voisine rassemble les artisans de tout, cuir, céramique, terre cuite, tissus, bois, verre… Ajouter une myriade d’églises, de chapelles et de placettes fleuries. On appelle cela une ville aussi simple que sincère.

 La cathédrale de San Miguel de Allende.

Corona en terrasse

En tête de ce schéma limpide, la cathédrale de pierres roses impose sa stature. Point zéro de San Miguel (70 000 âmes), cœur battant d’un trésor classé patrimoine mondial par l’Unesco, elle brille par sa majesté plus que de son intérieur dont le principal agrément sera d’offrir un peu de fraîcheur aux visiteurs de juillet.

Frère Juan de San Miguel, fondateur de la ville.

En revanche, la finesse de ses hautes tours, la classe de sa façade, la haute statue de Juan de San Miguel qui la garde, l’ambiance de fête qui anime la plazza et le parc qui lui servent de parvis méritent à coup sûr la pause. Une Corona en terrasse, peut-être même un baiser.

Planque arty

Ce bastion de beauté paisible posé à 1 900 mètres d’altitude (attention au souffle court !) est né en 1592, un siècle tout pile après que Colomb ait jeté l’ancre de sa Santa Maria. Franciscain prosélyte, frère Juan plante ici une croix, première marque de la colonie qui portera son nom. Bien placée sur les routes de l’argent qui font des filons mexicains un rêve de Conquistador, puis bastion révolutionnaire, San Miguel de Allende gagne son aura.

Vue imprenable sur la cathédrale de San Miguel de Allende.

Bonne idée, elle reste dans son jus d’antan. Au milieu du siècle dernier, elle séduit aventuriers et artistes venus des États-Unis voisins. Bingo. San Miguel de Allende sera la planque arty d’une belle colonie de yankees, à la manière dont Ibiza ou Bali inspirèrent les babas européens.

Créativité artisanale

La réputation ne s’est pas fanée. Aujourd’hui, des milliers d’Américains, artistes, retraités, ardents du télétravail, vivent ici, loin des urgences ordinaires. Un signe : les maisons à vendre le sont en dollars et les ruelles de la vieille-ville alignent les maisonnettes pimpantes avec vitrine dernier-cri en rez-de-chaussée, bijoux, vêtements, bistros, galeries, restaurants, mobilier design… Les prix d’ami n’y ont pas la cote mais l’American Express est partout la bienvenue. Pour un meilleur destin en pesos mexicains (environ 100 pour 5 euros), viser la rue semi-piétonne Lucas Balderas. Elle accueille toute la créativité artisanale du pays. Travail du cuir, de la laine, du métal (les bijoux en argent, bien entendu), du bois, de la pierre (semi-précieuse), sans souci des modes venues d’ailleurs. Résultat souvent irrésistible.

Les meilleurs churros du Mexique

En matinée, se rendre sous la halle San Juan de Dios. Le marché y fait fureur dans un déluge de couleurs, d’étal de fruits frais, de bondieuseries fluos et de grossières contrefaçons de maillots et casquettes à la gloire du base-ball US. En plein centre trône une statue de la Vierge. On est au Mexique, prière de se signer ! L’assemblé est dense, gaffe au portefeuille, mais rieuse et prête à papoter en saupoudrant de sucre ses churros brûlants. Promis, amigo, ce sont les meilleurs du Mexique !

Le patio du Rosewood.

Patios avec fontaine

San Miguel de Allende se devait d’avoir un hôtel digne de ses harmonies. Alors, bienvenue au Rosewood, 5-étoiles, 67 chambres et suites, Spa, piscine, restaurants de hautes saveurs (dont un en rooftop avec vue grand écran sur la cathédrale) et bar aux 70 références de téquila. Margarita, dos, por favor !

L’enseigne est prestigieuse, à Paris (Le Crillon) comme à Sao Paulo, de Hong Kong à Londres ou Vancouver. Partout, elle fait de l’exception son ordinaire. À San Miguel, l’hôtel prend ses quartiers de bonheur dans une maison qu’on jurerait avoir appartenu à une famille castillane.

Épaisses murailles, vastes pièces, bois patiné, cheminées monumentales, patios avec fontaines, colonnades, lourdes tentures, lumières tamisées, lits à baldaquin, sans parler de mille œuvres d’art, toiles, sculptures, artisanat qui habillent murs et alcôves… Oui, mais.

Ce Rosewood a été construit en… 2010. Alors, féliciter les architectes qui ont fusionné les charmes d’antan avec le nec plus ultra du confort moderne.

Une centaine de jardiniers

Dans les jardins du Rosewood.

Le plus remarquable de la maison s’admire en extérieur, dans ses enclos fermés. Une centaine de jardiniers veille sur un exceptionnel (et immense) tableau nature composé de cyprès, d’orangers, de jacarandas et de palmiers auxquels dahlias, yuccas, cactus, roses et bien nommés oiseaux de paradis offrent un écrin multicolore. Spectacle grandiose et invitation à la pause. Au Rosewood, la cité quatre fois centenaire, conforte ses lettres de beauté. Frère Miguel peut être fier de son épopée.

Hôtel Rosewood San Miguel de Allende, Calle Nemesio Diez 11, Col. Centro, San Miguel de Allende – Tél. : 00 52 415 152 97 00

Entre 500 euros et 1 000 euros la nuit selon le standing de la chambre double retenue.

LE SITE DE L’HOTEL ROSEWOOD

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