Les montres réveil

Les montres réveil

Il existe plusieurs types de garde-temps mécaniques susceptibles de dire l’heure en musique.

Par Vincent Daveau

Il existe plusieurs types de garde-temps mécaniques susceptibles de dire l’heure en musique : Les plus simples sont ceux équipés de fonctions réveil. Voici ce qu’il faut savoir sur ces instruments dont le principe est de produire un son à une heure sélectionnée par le porteur du garde-temps étant équipé de cette complication utile.

L’heure du réveil 

Montre Vulcain Cricket de 1947 avec mouvement à remontage manuel et fonction réveil mécanique.
 
 

On dit souvent que les pendules mécaniques ont été inventées par les moines au XIIIe siècle pour leur permettre de réveiller les autres membres de la congrégation afin d’être à l’heure pour les célébrations et les prières nocturnes imposées par la règle de Saint-Benoît (matines ou vigiles, laudes et primes). Ces premiers instruments, mécaniquement proches d’un tournebroche et peu précis, étaient équipés de rouages capables de faire sonner une petite cloche à une heure donnée. Le réveil, est par conséquent, né en même temps que les pendules mécaniques. Pour autant, le séquençage du temps est encore resté longtemps celui monastique. Il faut attendre l’avènement des horloges d’édifices dans les beffrois des villes pour que s’établisse une concurrence entre le temps scientifique régulier et uniforme des villes, et celui évolutif – en fonction des saisons – des établissements ecclésiastiques.

La première Memovox de Jaeger-LeCoultre présentée en 1950.

La renaissance des premiers réveils 

Dès l’invention des garde-temps portatifs, les horlogers ont conçu des mécanismes permettant à ces drôles de bijoux cinétiques de faire de la musique puisque sonner est consubstantiel du pouvoir temporel. Bijoux des puissants, il ne suffisait pas que ces merveilles concurrencent l’horloge cosmique. Il leur fallait copier les instruments de pouvoir les plus remarquables de leur époque. La plupart des belles montres de la Renaissance ont donc embarqué des complications capables de retranscrire les mouvements de la Lune, de donner la date, mais aussi de sonner à une heure choisie par son propriétaire. La montre à sonnerie était née.

Publicité pour la montre Memovox de Jaeger-LeCoultre présentée en 1952.

Réveil de poche au poignet

Cette complication bien utile s’est pourtant un peu perdue durant le XVIIIe siècle, car se sont imposées d’autres mécaniques plus sophistiquées comme les répétitions minutes et les sonneries au passage (voir notre article sur les répétitions minutes). Il faut attendre le début du XXe siècle pour que les marques s’intéressent à cette fonctionnalité. 

Publicité des années 1970 pour la Memovox de Jaeger-LeCoultre.

On rapporte que c’est Eterna qui remit la fonction réveil à la mode dans les montres de poche. Ces instruments répondaient au besoin des voyageurs d’avoir un garde-temps capable de les réveiller avant qu’ils n’arrivent à la station de train à laquelle ils devaient descendre. Évidemment, les marques, une fois passées à la montre-bracelet se sont penchées sur l’opportunité de créer de pareilles références pour les globe-trotteurs ayant oublié leur réveil de voyage (le petit qui se plie dans un étui) ou bien décidés à se lever sans l’assistance du concierge de leur hôtel. La marque Vulcain s’est ainsi fait une spécialité des montres réveil dès l’aube des années 1950.

La Nautical Seventies de Vulcain. Une montre capable de sonner, elle aussi sous l’eau.

Baptisée Cricket, leur montre a su capter l’attention des jeunes actifs, car elle leur a permis de régler le temps d’un rendez-vous, d’indiquer la fin d’un horodateur ou de servir de pense-bête. La manufacture Jaeger-LeCoultre a également sorti une montre réveil dès 1950 pour satisfaire la demande en produits capables de transmettre des informations temporelles de façon sonore. La manufacture du Sentier a ainsi développé de nombreuses séries de Memovox dont certaines pour les conducteurs avec le modèle « Parking » ; et même une version pensée pour les plongeurs, capable de sonner sous l’eau, baptisée Memovox Polaris. Au fil des ans, un grand nombre de maisons ont édité des montres réveil, la plupart sur la base d’un calibre suisse A. Schild. Y compris la marque russe Poljot qui a proposé sur son marché un modèle doté d’un calibre similaire au Suisse, dans le courant des années 1960. 

Calibre 956 de la Memovox de Jaeger-LeCoultre.

Entre vibration et musique

Pour ceux qui n’ont jamais entendu de montres réveil, il faut avoir à l’esprit que le son émis par la majorité des pièces ressemble à celui d’un criquet qui vibrerait sur une casserole. Le son est métallique et froid. Pour améliorer l’acoustique de ses Memovox, la manufacture Jaeger-LeCoultre a modifié le régime de frappe du marteau de son mécanisme de réveil et remplacé le pion rivé sur le fond de la montre en acier par un timbre réalisé dans un alliage particulier, compatible avec les fonds transparents. 

La montre Polaris Mariner Memovox de Jaeger-LeCoultre, ici sur acier.

Le résultat obtenu est un son étincelant et plus noble, audible même quand la montre est au poignet. La marque Vulcain n’a en revanche pas modifié la sonorité de son réveil car, il procède de l’identité du modèle appelé Cricket en raison même du bruit que le garde-temps émet quand le réveil s’enclenche.